Des photos de Anatomies 2010 qui vient juste de finir d'être créer à Rennes en salle Serreau.
Cliquer ICI pour accéder au site de Christian Berthelot le photographe. Y'a un diaporama...
:)
Et en plus, un article Ouest France (ils n'avaient pas encore vu le spectacle, faut préciser...)
Roland Fichet signe « Anatomies 2010 » au TNB - Rennes
Le sous-titre de cette création est « Comment toucher ? » De quoi mettre les corps en mouvement.
Un voyage en trois étapes.
Avec « Anatomies », Roland Fichet s'est lancé dans un nouveau voyage : « Anatomies 2008 », « Anatomies 2009 » et « Anatomies 2010 » forment, en effet, un triptyque ou un voyage en trois étapes. Mais les voyages, chez ce metteur en scène, sont « initiatiques », il l'avoue volontiers, il n'est pas question d'aller voir simplement du pays. « En fait, ce sont trois pièces différentes. Les deux premières ont été créées à Brazzaville, la seconde a été donnée dans dix pays africains, la troisième est créée ici. Entretemps, j'ai changé d'équipe, parce que mes comédiens et danseurs ont été pris par d'autres projets. Là, nous avons des jeunes comédiens issus de l'école du TNB, une Africaine et une Mexicaine, huit comédiens en tout. » Ils sont âgés de 21 à 30 ans.
Roland Fichet ne vient pas de découvrir l'Afrique. « J'y circule beaucoup depuis 2001. » Il y a adapté son théâtre. « J'ai travaillé sur quinze parties d'un quart d'heure, j'adaptais, nous donnions parfois le spectacle dans des cours intérieures... Nous invitions des acteurs locaux à participer. Il y avait une part de danse africaine, c'était plutôt physique. » Rien à voir avec ce qui est donné dans la salle Serrault. « Là, c'est une vraie pièce, avec une histoire et des personnages. » Et une mise en scène qui cherche d'abord « la lisibilité ». Il s'agit « de faire vibrer des questions dans les acteurs », de susciter « la sensibilité ».
Le rapport à l'autre
« Au départ, indique Roland Fichet, nous parlions de la guerre, au Congo ils connaissent... Et puis, nous avons abordé l'intime, la relation aux autres, aux ancêtres, aux tabous... Nous en sommes venus à ce thème du toucher. » Un thème qui aborde aussi celui de l'invisible, des ancêtres, des morts... « Les Africains vivent un conflit qui doit nous intéresser : entre l'envie de dire je, de vivre sa vie, comme les Européens, et le lien communautaire. Pour eux, chacun est un chaînon dans l'histoire du groupe. L'héritage pèse. Ils disent : il y a ceux qui disent que les morts sont morts et ceux qui disent que les morts ne sont pas morts... »
C'est tout un monde qui menace de basculer ainsi. « Chez nous, la maladie signifie que la machine est en panne. Chez eux, la maladie est un signe, pas un accident. Il faut chercher les forces du mal, sinon les repères sont perdus. Dans le monde moderne, seul le présent importe. C'est un choc pour les autres. » Voilà de quoi nourrir le voyage, qui passera par le camp de la rédemption, le ministère de la parole, etc. Un voyage devenu commun, depuis que la colonisation est passée par là. C'est peut-être bien le moment d'écouter, de se laisser toucher.
Gérard PERNON.
Et voici une autre critique :
Une leçon d’anatomie brouillonne
mais attachante
Avec une troupe de jeunes acteurs, de vingt-et-un à trente ans, issus de l’école du Théâtre national de Bretagne (TNB), que complètent une jeune Africaine et une jeune Mexicaine, Roland Fichet crée, à Rennes, le troisième volet de son triptyque, « Anatomies ».
L’action d’Anatomies 2010, dont le sous-titre est Comment toucher ?, se situe au Congo, dans le village de Maty-Ougourou. Niang Saho, le chef d’un phalanstère de révolutionnaires cosmopolites, vient d’être tué. Des femmes l’ont transporté dans un petit cabanon de forestiers, mais, au matin, on ne retrouve plus son corps. Une des femmes du groupe, Ariane-Sylvie Sutter, amoureuse du leader, prétend l’avoir revu dans le bois, vivant, pendant la nuit. Il lui a parlé, mais elle n’a pu le toucher. Tel est le point de départ de l’histoire.
Divisés sur le sens à donner à l’épisode (Ariane-Sylvie, à l’encontre de saint Thomas, n’a pas touché le corps, son témoignage est donc sujet à caution) comme sur la conduite à tenir, les membres de la phalange se séparent et le spectateur va suivre leurs différents cheminements. L’éclatement du groupe et la dispersion de l’action en multiples petites séquences et en des lieux divers donnent l’impression d’une scène d’exposition brouillonne, à l’image des mouvements rapides des acteurs en scène qui semblent n’avoir d’autre but que de faire place à la séquence suivante et à son décor. Le choix de la langue lui-même ne semble pas assuré, mêlant les « putain », « merde », « il s’est arraché » et autres « je suis débile ou quoi ! », clichés de la langue « jeune », et un langage soutenu, voire poétique, avec parfois des références bibliques : « Il a tracé des signes sur le sol, et c’est à ce moment qu’ils l’ont reconnu ».
Et le miracle s’accomplit
Et puis, dans cette errance à travers toute une partie de l’Afrique en conflit (Congo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Nigéria), l’action se resserre et les personnages se regroupent. Le miracle s’accomplit. On comprend, on devine le sens de la quête de ces jeunes, ballotés entre (faux) révolutionnaires et (faux) prophètes, entre tradition et modernité, entre rationalité et superstition, entre fidélité à la terre, aux ancêtres et millénarisme cosmopolite. Ce qu’ils cherchent, c’est tout simplement une véritable relation humaine avec les autres. Ils veulent toucher et être touchés, au sens du contact physique ou de l’émotion. L’amour qu’Ariane-Sylvie et les autres recherchent avec obstination, à travers tous les obstacles, n’est qu’une métaphore de cette quête éperdue. La pièce progresse alors, dans une tension croissante, vers la scène finale, qui serait d’une beauté absolue, n’était une certaine grandiloquence dans la manière dont s’exprime le personnage masculin…
Le dernier opus de Roland Fichet, sans être complètement abouti, est attachant et il est ici servi par une troupe dont la fougue juvénile n’a d’égale que le talent. Saluons également les décors, les costumes et la scénographie qui constituent un vrai régal pour les yeux.
Jean-François Picaut
Les Trois Coups
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