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vendredi 31 juillet 2009

Angelina Jolie...

A Cherbourg.

du mardi 4 au samedi 8 mai 2010


En mai, la carte blanche s'envole...

La triste désincarnation d’ Angie la Jolie est une tragédie. Pourtant Angelina Jolie ne sera pas là. Elle n’apparaîtra même pas comme thème d’étude. Mais à partir de cette figure, Marine de Missolz interroge l’homme de notre époque, son rapport au monde, aux autres, à lui-même, dans une société qui court bien trop vite, où images, sons, médias, jeux vidéo, ordinateurs s’entrechoquent et finissent par nous ensevelir. Oui, l’ Angie de Marine de Missolz prête à rire, mais donne à penser !


Photo : Simon Le Moullec.

A notre époque, Angelina Jolie, ses soucis, ses nombreux enfants, ses états d’âme (et parfois ses films) sont partout : télévision, affiches, presse, internet. Impossible d’échapper au phénomène ! Le spectacle est essentiellement construit à partir de propositions d’acteurs créées à la demande du metteur en scène : s’intéresser à Angelina Jolie et rapporter quelque chose. La triste désincarnation est celle de ces individus perdus face à cette requête. Angelina Jolie, première figure médiatique, se révèle inabordable, lointaine, inaccessible. Qu’y-a-t-il à percevoir ? A dire ? A exprimer ? Nous vivons dans un espace trop grand. Angelina Jolie est certes omniprésente, mais terriblement absente, car on touche à une représentation désincarnée, quelque chose de flou et d’inconsistant. Le flux continu d’images et de sons qui constitue notre environnement, qu’on le veuille ou non, nous éloigne paradoxalement du monde, des autres et de nous-mêmes. Angie la Jolie, l’incarnation du vide ?

La triste désincarnation d’Angie la Jolie a pris d’abord la forme d’une carte blanche proposée à un groupe d’élèves par Stanislas Nordey, en 2008 à Rennes. Aujourd’hui, à peine sortie de l’école d’acteurs du Théâtre National de Bretagne, Marine de Missolz met en scène au Trident son premier spectacle et ose un théâtre différent, absurde, jouissif et générationnel. Une expérience dictée par l’envie de porter un regard ethnographique sur cette époque délirante : la nôtre. Au sein de cette farandole de propositions d’acteurs, des textes issus de Vous qui habitez le temps de Valère Novarina viennent interroger la consistance des êtres, des choses, de la parole. Plus qu’un patchwork de saynètes, La triste désincarnation d’ Angie la Jolie respire l’unité et la cohérence agitée. Pour mener à bien cette première mise en scène, Marine de Missolz s’est entourée d’acteurs aux personnalités très différentes issus de sa promotion du Théâtre National de Bretagne. La diversité et le conflit de points de vue installent une certaine forme d’équilibre sur scène et permettent de fabriquer une pièce qui pose des questions plus qu’elle n’assène un positionnement. Ici chaque acte scénique se trouve automatiquement remis en cause par le suivant. La musique, créée à partir d’éléments sonores du jeu Lara Croft et des vidéos en direct viennent renforcer la mise en scène. Aux commandes de ce dispositif, Jonathan Seilman connu sous le nom de This Melodramatic Sauna, remarqué grâce à un premier album en 2006, ...et les fleurs éclosent à l’ombre.




Mise en scène Marine de Missolz
Matière : articles de magazines people, paroles de fans prises sur internet, extraits d’Angelina Jolie en personne, textes écrits par les acteurs, improvisations travaillées, extraits de la pièce Vous qui habitez le temps de Valère Novarina, chorégraphies Lara Coft, rap aborigène.
Avec Benjamin Barou-Crossman, Christelle Burger, Julie Duchaussoy, Manuel Garcie Kilian, Simon Le Moullec, Julien Polet, Emilie Quinquis, Anne-Sophie Sterck
Lumière Patricia Deschaumes et Gwendal Mollo Musique et vidéo Jonathan Seilma




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Et pour le plaisir...

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Marine De Missolz



Marine de Missolz est née en 1983 à Paris. Après son bac, elle effectue deux années de classes préparatoires littéraires à Saint Ouen et intègre une troupe de théâtre amateur à Châtillon, dirigée par Alexandre Ribeyrolles. Puis elle part s’installer à Nantes et jongle entre des études de philosophie et de lettres modernes à l’université (où elle interroge respectivement les écritures de Marguerite Duras et de Valère Novarina dans ses mémoires), des cours de théâtre au Conservatoire, et des saisons de serveuse au Café du Phare à l’île de Ré. Entre deux, elle joue à la belote. En 2006, elle intègre l’école d’acteurs du Théâtre National de Bretagne à Rennes, sous la tutelle de Stanislas Nordey, et se concentre alors progressivement sur le théâtre, qu’elle souhaite désormais questionner à divers endroits (actrice, metteur en scène, et d’autres terrains encore).


jeudi 30 juillet 2009

Pool = "La poule d'eau à la parcheminerie..." Puis aussi à la salle Gabily : Sallinger...

photo: Yves Le Moullec

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Et en même temps, dans un autre coin de la ville... Puis, bientôt même dans un autre coin de l'Europe :

Sallinger
de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène d’Ivica Buljan

Entre théâtre, performance et rock n'roll !
Entre français, anglais et croate !

Jeudi 30 juillet 2009 à 20h30 (entrée gratuite)
puis en tournée :
mardi 11 août 2009 - ZADAR SNOVA, Zadar
jeudi 13 août 2009 - MOSTARSKO LJETO, Mostar
jeudi 20 et vendredi 21 août 2009 - ARL, Dubrovnik
dimanche 23 et lundi 24 août 2009 - SCENA AMADEO, Zagreb
mardi 25 août 2009 - MINI TEATER, Ljubljana

SALLINGER
Le Rouquin : Yoan Charles
Leslie: Jonathan Genet
Anna : Emilie Quinquis
Ma : Senka Bulic
Al : Marko Mandic
Carole : Marine De Missolz
June : Vanille Fiaux
Henry : David Botbol
Le narrateur : Laurent Cazanave
Mise en scène : Ivica Buljan
Costumes : Anna Savic Gecan
Création musicale : Mitja Vrhovnik Smrekar
Conseiller artistique et pédagogique : Olivier Dupuy
Technique : Romain Nail
Stagiaire : Jérôme de Falloise

SUR SALLINGER
[…] Comme les pièces antérieures « d’apprentissage », Les Amertumes, La Marche et
Procès ivres, Sallinger est inspirée de la lecture personnelle de Koltès d’un auteur particulier,
dans ce cas-ci J. D. Salinger.
[…] La pièce dans sa forme finale fut moins une adaptation de l’auteur américain qu’une
tentative d’écrire un genre de pièce que J. D. Salinger aurait écrite s’il avait décidé de monter
une pièce de théâtre autour de la « dysfunctional family» pendant la guerre du Vietnam. Le
personnage principal, Rouquin, est vaguement basé sur le personnage de « Seymour » de
Salinger, un membre de la famille Glass qui apparaît régulièrement dans ses nouvelles.
L’inspiration originelle de la pièce est avérée à la fin de la deuxième scène quand Anna a
une réminiscence de l’image de son frère mort, celle d’un petit garçon qui chante : « If a
body catch a body coming through the rye ». Il s’agit d’une référence directe à la citation du
personnage de Holden Caulfield du poème de Robert Burns dans « L’attrape-coeurs » sans
que cela ne soit compris par le public français.
Les longs monologues de la pièce rappellent le style divagant des personnages de J.
D. Salinger. Les personnages de Koltès s’expriment dans un langage très particulier, proche
de celui des personnages de ses pièces suivantes. Ils parlent de leurs désirs, de leurs
craintes, de leurs rêves, de leurs attentes de la vie et des autres gens, des espérances plus
souvent frustrées que satisfaites. Le rapport avec les autres personnes est problématique
pour chacun d’entre eux et ils ont des difficultés à faire la distinction entre rêve et réalité.
L’intimité intérieure se confond avec le monde extérieur dans les récits de leurs vies, et le
public ne sait pas toujours si l’action sur la scène représente un évènement réel ou
seulement une représentation figée de leurs imaginations. Un autre niveau de confusion
potentielle dans Sallinger provient du fait que le personnage principal, Rouquin, revient
comme un fantôme, s’étant déjà suicidé avant que l’action ne commence.
Le cadre de la pièce est un New York imaginaire qui hantait l’imagination de Koltès –
un lieu de violence, de rues misérables, de grands blocs d’immeubles d’habitation délabrés,de cimetières et d’asiles de fous, qui viennent aussi bien d’images cinématiques que de
villes réelles. […] La pièce dépeint une famille « disconnected » qui touche presque à sa fin
au moment du suicide inexpliqué du fils aîné. Les lieux spécifiés par Koltès (un cimetière, un
pont, un salon, un champ de bataille) oscillent entre des intérieurs familiaux et des extérieurs
associés à la mort ou à la violence. Le suicide qui a eu lieu avant que la pièce ne commence
(la première scène a lieu dans le cimetière où Rouquin a juste été enterré) fait écho à un
autre suicide (celui d’Henry qui saute d’un pont) et la mort de Rouquin est traitée à nouveau,
à la fin de la pièce, comme pour refermer le cercle des suicides. Les autres personnages de
la pièce sont tous liés à Rouquin : sa mère et son père (Ma et Al), sa soeur, Anna, son frère,
Leslie et l’ami de son frère, Henry, et sa veuve, Carole et son amie, June.
Les thèmes dominants et les caractéristiques de cette pièce reviendront tous dans le
travail ultérieur de Koltès : la préoccupation de la violence à la fois dans la famille et à
l’extérieur, spécialement dans des situations coloniales ; la ville « déconnectée »
(disconnected) ; la relation entre frères et soeurs ; le pont qui ne mène nulle part ; la
présence prémonitoire des oiseaux, le héros parlant de manière obsessionnelle au
téléphone et qui se transforme, se déconnecte, s’isole... pète un plomb ; le désir désespéré
de déverser ce qui pèse sur le coeur à des étrangers. Le plus marqué de tous les thèmes qui
revient dans le travail de Koltès et qui est omniprésent dans Sallinger est la pulsion de mort.
Presque tous les personnages de la pièce se sentent attirés par la tentation
d’autodestruction. C’est comme si les monologues sans fin, circulaires et angoissés portant
sur le doute et la perte ne pouvaient être libérés que par la mort. La pièce expose aussi une
énergie brute dans sa dénonciation passionnée d’un monde dans lequel violence, douleur et
aliénation semblent être la norme.
Texte de Maria M. Delgado et David Bradby traduit de l’américain par Jérôme de Falloise

Pool !



photo: Yves Le Moullec

mardi 21 juillet 2009

Avignon et Ciels.




A écouter : CLIQUER ICI
(Wajdi, Stan etc...)

Après son odyssée triomphale dans la Cour d'honneur du Palais des papes, au début du Festival, l'auteur et metteur en scène libano-québécois Wajdi Mouawad présente à Châteaublanc Ciels, la dernière pièce de sa tétralogie Le Sang des promesses. Cette création, dont l'artiste associé de cette 63e édition a réservé la primeur à Avignon, a reçu, au soir de la première, samedi 18 juillet, le même accueil très chaleureux de la part du public. Elle n'a pourtant pas, selon nous, les qualités de la trilogie composée par Littoral, Incendies et Forêts : la naïveté, le fleuve de mots qui, là, amenaient une humanité généreuse et souvent bouleversante, deviennent, ici, débordants. Trop.


Le dispositif intrigant du spectacle a pourtant tout pour attiser la curiosité et l'intérêt, dans un premier temps. Au milieu d'un des hangars de Châteaublanc est posé un vaste cube blanc, dans lequel les spectateurs sont invités à entrer. A l'intérieur, pas de scène, mais une forêt de petits tabourets pivotants, sur lesquels se serre le public. L'action a lieu dans des sortes d'alvéoles aménagées en hauteur sur les quatre côtés du cube, et scénographiées avec style par Emmanuel Clolus.

Séduisant, ce dispositif ne gomme pas les faiblesses de la pièce, qui met en scène un quintette d'agents secrets attachés à déjouer un complot terroriste. Le sixième homme de l'équipe de l'"opération Socrate" vient de se suicider. Qu'y a-t-il derrière ce suicide ? Qu'avait-il découvert qui l'ait autant bouleversé ?

On ne racontera pas la suite, pour ne pas déflorer une intrigue qui se noue autour d'un étrange complot poétique, d'une Annonciation du Tintoret, d'un jeu sur des cryptages mathématico-littéraires et, bien sûr, de douleurs familiales, notamment celles des rapports père-fils. Mais disons que l'ensemble, qui voudrait se mettre à l'écoute de la révolte légitime d'une jeunesse sans voix, n'est pas toujours léger-léger. A l'image de cette conclusion : "La beauté et la poésie peuvent devenir destructrices."

Ce côté Club des cinq face à Al- Qaida est porté par un quatuor d'acteurs formidables, face auquel la seule fille de la bande, Valérie Blanchon, a un peu de mal à exister : John Arnold, Georges Bigot, Olivier Constant et, surtout, un Stanislas Nordey dont le jeu sans psychologie apporte un mystère bienvenu. Le metteur en scène avait livré, l'hiver dernier, une superbe vision d'Incendies, et devrait monter prochainement une autre pièce de son ami libano-québécois. Décidément, le tandem Nordey-Mouawad joue gagnant-gagnant.

© Libé.