du mardi 4 au samedi 8 mai 2010
En mai, la carte blanche s'envole...
La triste désincarnation d’ Angie la Jolie est une tragédie. Pourtant Angelina Jolie ne sera pas là. Elle n’apparaîtra même pas comme thème d’étude. Mais à partir de cette figure, Marine de Missolz interroge l’homme de notre époque, son rapport au monde, aux autres, à lui-même, dans une société qui court bien trop vite, où images, sons, médias, jeux vidéo, ordinateurs s’entrechoquent et finissent par nous ensevelir. Oui, l’ Angie de Marine de Missolz prête à rire, mais donne à penser !
Photo : Simon Le Moullec.
A notre époque, Angelina Jolie, ses soucis, ses nombreux enfants, ses états d’âme (et parfois ses films) sont partout : télévision, affiches, presse, internet. Impossible d’échapper au phénomène ! Le spectacle est essentiellement construit à partir de propositions d’acteurs créées à la demande du metteur en scène : s’intéresser à Angelina Jolie et rapporter quelque chose. La triste désincarnation est celle de ces individus perdus face à cette requête. Angelina Jolie, première figure médiatique, se révèle inabordable, lointaine, inaccessible. Qu’y-a-t-il à percevoir ? A dire ? A exprimer ? Nous vivons dans un espace trop grand. Angelina Jolie est certes omniprésente, mais terriblement absente, car on touche à une représentation désincarnée, quelque chose de flou et d’inconsistant. Le flux continu d’images et de sons qui constitue notre environnement, qu’on le veuille ou non, nous éloigne paradoxalement du monde, des autres et de nous-mêmes. Angie la Jolie, l’incarnation du vide ?
La triste désincarnation d’Angie la Jolie a pris d’abord la forme d’une carte blanche proposée à un groupe d’élèves par Stanislas Nordey, en 2008 à Rennes. Aujourd’hui, à peine sortie de l’école d’acteurs du Théâtre National de Bretagne, Marine de Missolz met en scène au Trident son premier spectacle et ose un théâtre différent, absurde, jouissif et générationnel. Une expérience dictée par l’envie de porter un regard ethnographique sur cette époque délirante : la nôtre. Au sein de cette farandole de propositions d’acteurs, des textes issus de Vous qui habitez le temps de Valère Novarina viennent interroger la consistance des êtres, des choses, de la parole. Plus qu’un patchwork de saynètes, La triste désincarnation d’ Angie la Jolie respire l’unité et la cohérence agitée. Pour mener à bien cette première mise en scène, Marine de Missolz s’est entourée d’acteurs aux personnalités très différentes issus de sa promotion du Théâtre National de Bretagne. La diversité et le conflit de points de vue installent une certaine forme d’équilibre sur scène et permettent de fabriquer une pièce qui pose des questions plus qu’elle n’assène un positionnement. Ici chaque acte scénique se trouve automatiquement remis en cause par le suivant. La musique, créée à partir d’éléments sonores du jeu Lara Croft et des vidéos en direct viennent renforcer la mise en scène. Aux commandes de ce dispositif, Jonathan Seilman connu sous le nom de This Melodramatic Sauna, remarqué grâce à un premier album en 2006, ...et les fleurs éclosent à l’ombre.
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