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Et en même temps, dans un autre coin de la ville... Puis, bientôt même dans un autre coin de l'Europe :Sallinger
de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène d’Ivica Buljan
Entre théâtre, performance et rock n'roll !
Entre français, anglais et croate !
Jeudi 30 juillet 2009 à 20h30 (entrée gratuite)
puis en tournée :
mardi 11 août 2009 - ZADAR SNOVA, Zadar
jeudi 13 août 2009 - MOSTARSKO LJETO, Mostar
jeudi 20 et vendredi 21 août 2009 - ARL, Dubrovnik
dimanche 23 et lundi 24 août 2009 - SCENA AMADEO, Zagreb
mardi 25 août 2009 - MINI TEATER, Ljubljana
SALLINGER
Le Rouquin : Yoan Charles
Leslie: Jonathan Genet
Anna : Emilie Quinquis
Ma : Senka Bulic
Al : Marko Mandic
Carole : Marine De Missolz
June : Vanille Fiaux
Henry : David Botbol
Le narrateur : Laurent Cazanave
Mise en scène : Ivica Buljan
Costumes : Anna Savic Gecan
Création musicale : Mitja Vrhovnik Smrekar
Conseiller artistique et pédagogique : Olivier Dupuy
Technique : Romain Nail
Stagiaire : Jérôme de Falloise
SUR SALLINGER
[…] Comme les pièces antérieures « d’apprentissage », Les Amertumes, La Marche et
Procès ivres, Sallinger est inspirée de la lecture personnelle de Koltès d’un auteur particulier,
dans ce cas-ci J. D. Salinger.
[…] La pièce dans sa forme finale fut moins une adaptation de l’auteur américain qu’une
tentative d’écrire un genre de pièce que J. D. Salinger aurait écrite s’il avait décidé de monter
une pièce de théâtre autour de la « dysfunctional family» pendant la guerre du Vietnam. Le
personnage principal, Rouquin, est vaguement basé sur le personnage de « Seymour » de
Salinger, un membre de la famille Glass qui apparaît régulièrement dans ses nouvelles.
L’inspiration originelle de la pièce est avérée à la fin de la deuxième scène quand Anna a
une réminiscence de l’image de son frère mort, celle d’un petit garçon qui chante : « If a
body catch a body coming through the rye ». Il s’agit d’une référence directe à la citation du
personnage de Holden Caulfield du poème de Robert Burns dans « L’attrape-coeurs » sans
que cela ne soit compris par le public français.
Les longs monologues de la pièce rappellent le style divagant des personnages de J.
D. Salinger. Les personnages de Koltès s’expriment dans un langage très particulier, proche
de celui des personnages de ses pièces suivantes. Ils parlent de leurs désirs, de leurs
craintes, de leurs rêves, de leurs attentes de la vie et des autres gens, des espérances plus
souvent frustrées que satisfaites. Le rapport avec les autres personnes est problématique
pour chacun d’entre eux et ils ont des difficultés à faire la distinction entre rêve et réalité.
L’intimité intérieure se confond avec le monde extérieur dans les récits de leurs vies, et le
public ne sait pas toujours si l’action sur la scène représente un évènement réel ou
seulement une représentation figée de leurs imaginations. Un autre niveau de confusion
potentielle dans Sallinger provient du fait que le personnage principal, Rouquin, revient
comme un fantôme, s’étant déjà suicidé avant que l’action ne commence.
Le cadre de la pièce est un New York imaginaire qui hantait l’imagination de Koltès –
un lieu de violence, de rues misérables, de grands blocs d’immeubles d’habitation délabrés,de cimetières et d’asiles de fous, qui viennent aussi bien d’images cinématiques que de
villes réelles. […] La pièce dépeint une famille « disconnected » qui touche presque à sa fin
au moment du suicide inexpliqué du fils aîné. Les lieux spécifiés par Koltès (un cimetière, un
pont, un salon, un champ de bataille) oscillent entre des intérieurs familiaux et des extérieurs
associés à la mort ou à la violence. Le suicide qui a eu lieu avant que la pièce ne commence
(la première scène a lieu dans le cimetière où Rouquin a juste été enterré) fait écho à un
autre suicide (celui d’Henry qui saute d’un pont) et la mort de Rouquin est traitée à nouveau,
à la fin de la pièce, comme pour refermer le cercle des suicides. Les autres personnages de
la pièce sont tous liés à Rouquin : sa mère et son père (Ma et Al), sa soeur, Anna, son frère,
Leslie et l’ami de son frère, Henry, et sa veuve, Carole et son amie, June.
Les thèmes dominants et les caractéristiques de cette pièce reviendront tous dans le
travail ultérieur de Koltès : la préoccupation de la violence à la fois dans la famille et à
l’extérieur, spécialement dans des situations coloniales ; la ville « déconnectée »
(disconnected) ; la relation entre frères et soeurs ; le pont qui ne mène nulle part ; la
présence prémonitoire des oiseaux, le héros parlant de manière obsessionnelle au
téléphone et qui se transforme, se déconnecte, s’isole... pète un plomb ; le désir désespéré
de déverser ce qui pèse sur le coeur à des étrangers. Le plus marqué de tous les thèmes qui
revient dans le travail de Koltès et qui est omniprésent dans Sallinger est la pulsion de mort.
Presque tous les personnages de la pièce se sentent attirés par la tentation
d’autodestruction. C’est comme si les monologues sans fin, circulaires et angoissés portant
sur le doute et la perte ne pouvaient être libérés que par la mort. La pièce expose aussi une
énergie brute dans sa dénonciation passionnée d’un monde dans lequel violence, douleur et
aliénation semblent être la norme.
Texte de Maria M. Delgado et David Bradby traduit de l’américain par Jérôme de Falloise
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