(On en à eu presque un extrait dans la "Triste désincarnation d'Angie la Jolie mis en scène par Marine De Missolz, souvenez-vous, la deuxième où troisième scène, avant que Manuel Garcie-Kilian n'étouffe le public avec sa laque L'Oréal. Bref...)
Blog de la [feu] promotion n°6 de l'école du Théâtre National de Bretagne. Suivez notre blog pour tout savoir de l'actualité des élèves de la promo 6 (et même des autres promotions !) maintenant qu'ils sont sortis de l'école, qu'ils sont libres et sur les routes , de textes en textes, de théâtres en théâtres, de villes en villes et d'aventures en aventures...
dimanche 28 mars 2010
Benjamin Barou-Crossman : De lecture en Lecture de voyages en voyages ! On t'aime Ben... :)
(On en à eu presque un extrait dans la "Triste désincarnation d'Angie la Jolie mis en scène par Marine De Missolz, souvenez-vous, la deuxième où troisième scène, avant que Manuel Garcie-Kilian n'étouffe le public avec sa laque L'Oréal. Bref...)
vendredi 12 mars 2010
La promo 7 bosse comme "des dingues" !
Depuis cinq semaines, Nadia Xerri-L, auteur-metteur en scène, dirige le deuxième atelier d’interprétation de cette nouvelle promotion de l’école avec huit de nos élèves : Duncan Evenou, Karine Piveteaux, Marina Keltchewsky, François Xavier Phan, Marie Thomas, Thomas Pasquelin, Anaïs Muller, Nathan Bernat.
Au cours de cette formation, Ils ont travaillé sur Gibiers du temps de D.G. Gabily et des fragments de son journal A tout va, et de Puisque tu es des miens de Daniel Keene.
Ils ouvriront les portes de l’atelier pour une présentation de leurs travaux en salle Guy Parigot pour trois soirées en deux parties : une première partie à 18h autour d’extraits de A tout vadans une forme identique les trois soirs (environ 1h30-1h45) et une deuxième partie à 21h, différente chaque soir, s’appuyant sur des extraits de Gibiers du temps et de Puisque tu es des miens (1h environ).
Vous pouvez donc nous rejoindre :
- Lundi 15 Mars
18h : A tout va (extraits)
21h : Gibiers du temps/Puisque tu es des miens Matériaux I
- Mardi 16 mars
18h : A tout va (extraits)
21h : Gibiers du temps/Puisque tu es des miens Matériaux II
- Mercredi 17 mars
18h : A tout va (extraits)
21 h : Gibiers du temps/Puisque tu es des miens Matériaux III
Merci de vous inscrire auprès du secrétariat de l’Ecole, 02 99 31 12 80 / a.belloir@t-n-b.fr
Briac & Co.
A bientôt,
Hey David !
Mais Gorki n’est pas Tchékhov et la pièce a du mal à démarrer et aligne ensuite quelques longueurs. La mise en scène joue à la fois sur des trouvailles scénographiques (datchas façon cabines de bain, qui sont d’abord les loges des comédiens avant de se transformer en bungalows) et les mouvements de groupe (rassemblement de tous dans une seule cabine, dispersion sur le plateau de chaises longues fabriquées avec les moyens du bord). Elle s’appuie aussi sur un jeu naturaliste de très bons acteurs (Lacascade himself, Jérôme Bidaux et Christophe Grégoire, qui, on s’en souvient avec nostalgie, fut un extraordinaire Platonov).
Le reste de la distribution est inégale, ce qui donne quelques fausse note à l’ensemble, lequel souffre surtout d’un défaut d’historicité. Ce que Lacascade avait opéré avec bonheur dans ses Tchékhov, déterritorialisation de des personnages, anchronismes revendiquées (notamment par les choix musicaux), tout cela fonctionne moins avec Gorki. Pourquoi ? Cela est difficile à savoir, mais toujours est-il qu’ici pas mal de tirades et le comportement de certains personnages est incompréhensible si l’on oublie que l’on est en pleine Russie tsariste, encore féodal sur bien des points et où les idéaux d’un mondes meilleurs ne cessent de hanter la dite intelligentsia dont il est beaucoup question ici.
Néanmoins, la dernière scène, celle du repas où nos estivants se retrouvent une dernière fois avant leur départ pour la ville et où les comptes se règlent, est magistrale. Cela vaut même le coup d’aller jusqu’à Sceaux pour elle seule.
Jusqu'au 21 mars au Théâtre des gémeaux
Les 3 et 4 mars à la scène nationale de Sète
Du 1' au 16 avril au Théâtre national d'Aquitaine - Bordeaux
Les 28 et 29 avril à la scène nationale d'Évreux
© Brigitte Enguérand
Alors pour ceux qui veulent croiser David Botbol dans les coulisses, allez-y gaiement !
COMMENT TOUCHER ? Roland Fichet et toute la fine équipe jouent à PARIS.
COMMENT TOUCHER ? (ANATOMIES 2010) DU 5 AU 20 MARS 2010 AU THÉÂTRE DE L'EST PARISIEN… Représentations de « Comment toucher ? (anatomies 2010) » au Théâtre de l’Est parisien :jeu 11 mars à 19h30 /// ven 12 mars à 20h30 /// sam 13 mars à 19h30jeu 18 mars à 19h30 /// ven 19 mars à 20h30 /// sam 20 mars à 19h30 159 avenue Gambetta 75020 Paris (durée : environ 2h)Réservations : 01 43 64 80 80 | ||||
De gauche à droite : Vanille Fiaux, Marie-Laure Crochant, Yoan Charles, Anne-Sophie Sterck, Laurent Cazanave, Manuel Garcie-Kilian. © Rozenn Quéré | ||||
Comment toucher ? (anatomies 2010), écrit et mis en scène par Roland Fichet, a été créé au Théâtre National de Bretagne durant la première quinzaine de janvier.Production : Théâtre de Folle Pensée, Saint-Brieuc, en coproduction avecle Théâtre National de Bretagne, Rennes. | ||||
Premier plan, de gauche à droite : Nina Nkundwa, Anne-Sophie Sterck. Second plan, derrière les portes : Marie-Laure Crochant. © Rozenn Quéré | ||||
LES PORTES Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous). Le passage des lignes, le passage des portes. Le franchissement. Le passage des frontières. Toute la pièce joue avec le passage, ne serait-ce que le passage d’une scène à l’autre, d’un lien à l’autre, mais il s’agit aussi de passage du visible à l’invisible. Délicate gymnastique que le dispositif scénique réalisé par Ronan Ménard permet de tenter. Derrière la porte, derrière le rideau, il y a toujours quelqu’un. Et les morts-qui-vivent indiquent par leur présence intermittente qu’on en finit jamais avec le passage, avec l’autre côté, qu’au-delà de ce qu’on voit il y a peut-être autre chose à percevoir, à entendre. Roland Fichet cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène. | ||||
De gauche à droite : Laurent Cazanave, Vanille Fiaux, Anne-Sophie Sterck, Marie-Laure Crochant. © Rozenn Quéré | ||||
UN RAPPORT EXTRÊME ET VIOLENT Vanille Fiaux a repris au Théâtre de l'Est parisien le rôle de Carina Rosquera, tenu par Chantal Reynoso lors de la création du spectacle au Théâtre National de Bretagne. « Je tends la main et je te touche et je ne sais pas ce qu'est te toucher. Je te regarde et je ne comprends pas ce qu'est te voir. Si seulement je pouvais savoir ce que c'était que sentir son corps… Corps et âme c'est quelque chose qui ne m'appartient pas. » (Fernando Pessoa, Le privilège des chemins) Chercher son état de présence au plateau, dans la chair des mots et la jubilation du jeu. « Les morts se sont promenés dans ma maison et ils ont fredonné des chants très anciens. » (Roland Fichet) L'echo de toutes ses voix qui cohabitent en nous est peut-être le constituant le plus charnel et le plus sensuel de chaque être. Il lie la pensée et le corps dans un rapport extrême et violent… j'ai rencontré pour ma part Carina sur ce chemin là. Vanille Fiaux | ||||
De gauche à droite : Vanille Fiaux, Laurent Cazanave. © Rozenn Quéré | ||||
LA LUTTE D'INCARNATION Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous). Une lutte dans laquelle le corps de Carina s’engage corps et âme. Elle danse, ôte ses vêtements, s’enduit de boue, se jette dans la rivière, traverse la forêt. Elle se bat avec les éléments mais ne se bat pas contre les éléments. Elle absorbe leur énergie : l’énergie de la rivière, des arbres, du feu, des animaux. Son corps a le goût de la vie, elle sent en lui l’instinct de la vie, elle sent en lui la force primitive. Veut-elle retrouver la vitalité sensuelle, l’acuité sensorielle de la vie primitive ? La violence de la séparation la jette de ce côté-là, du côté des forces originelles. Ces forces ont, elles aussi, leur côté obscur, Carina l’affronte ce côté obscur, le geste de Carina est un geste de libération. R.F. cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène. | ||||
Anne-Sophie Sterck. © Rozenn Quéré | ||||
LE TOUCHER DIFFÉRÉ (1) Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous). Niang Saho, une nouvelle et dernière fois, dans le petit bois d’eucalyptus, esquive le geste d’Ariane-Sylvie. Il se retire au moment précis où elle va le toucher, où il va la toucher. Ils sont tous les deux brûlants de désir et pourtant… il se retire. Mais que se passe-t-il dans ce corps d’homme ? Tout le monde témoigne de la sensualité magique de cet homme, les femmes le frôlent, les animaux et les plantes sont émus, mais il semble incapable de franchir le pas, de s’abandonner au toucher. Quel démon l’habite ? Ariane-Sylvie, cette fois, est bien décidée à se saisir de cet homme. La pièce se déploie dans cet élan du corps d’Ariane-Sylvie vers le corps de Niang Saho. Son désir est si puissant qu’elle parviendra à le toucher à travers un voile troué. R. F. cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène. | ||||
De gauche à droite : Laurent Cazanave, Marie-Laure Crochant. © Rozenn Quéré | ||||
ZO/KRIS ET SWANA/LOU Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous). Grande vitalité. Ils sont habités d’une grande vitalité. Ce sont de jeunes guerriers, ils ont sans doute été enfants-soldats ; se battre pour survivre ils savent ce que c’est. Mais maintenant ils veulent plus que survivre, ils veulent aimer et être aimés. C’est ça pour eux l’incarnation. Ils veulent toucher et être touchés. Zo et Swana ont le sens de l’ironie, de la parodie, ils sont insolents, espiègles, ils dansent et chantent. Brusquement, ils sont saisis d’étonnement. Une sorte de stupeur. Ils voient ou entendent quelque chose pour la première fois. Brusquement, ils sont saisis par un sentiment d’abandon. Ils sont seuls au monde, abandonnés. Brusquement, la personne dont ils sont l’ange-gardien leur apparaît comme une étrangère. Paradoxalement, Swana/Lou et Zo/Kris, gardes du corps fidèles, accentuent cette ligne de sens de la pièce : l’errance individuelle. Chacun des personnages erre en quête d’un sens, d’un destin. Et si notre destin c’était justement d’errer (Michaël). R.F. cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène. | ||||
De gauche à droite : Manuel Garcie-Kilian, Yoan Charles, Nina Nkundwa. © Rozenn Quéré | ||||
SOUS LE PLATEAU Alexandre Koutchevsky était assistant à la mise en scène dans deux des trois créations qui ont précédé et engendré « Comment toucher ? (anatomies 2010) ». Sous le plateau d'Anatomies 2010 : Anatomies 2007 avec Damien Gabriac et Flora Diguet dans les cafés, petites salles des Côtes d'Armor, quelques ivrognes, beaucoup de monde, des comptoirs, les vitres donnant sur la rue froide, le corps de Flora le corps de Damien, leur peau, les petits cadres en bois, les premiers pas d'Anatomies au fond d'un département breton en hiver. Que reste-t-il des bistrots costarmoricains sur le plateau d'Anatomies 2010 ? Des bières. Je les ai vues au début du spectacle. Des bières bues par les jeunes comédiens sortis de l'école du TNB, bues par les membres de cette communauté fictive et libre de Maty-Ougourou. Sous le plateau d'Anatomies 2010 : Anatomies 2008, grand départ vers l'Afrique, à Brazzaville, au Congo. Les répétitions dans l'atmosphère moite de la salle de danse du CCF, le piano mort, les coupures d'électricité, corps dans les cours chez les habitants – révélation théâtrale pour moi –, l'immense plateau du CCF, Princia, Okaré, Byb, Stik, les danseurs congolais. Nous sommes un jour partis à Maty, toute l'équipe. Sommes descendus à pied dans la vallée, la végétation s'épaississait au fil de la descente. Tout en bas surgit alors le village, et, à quelques kilomètres, au bord de la rivière, le terrain de Roland, presque-île avec son appatame. Surréaliste, touchant. Me fait aujourd'hui penser à Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad. Nous avons dormi là, sous les étoiles. J'ai entendu les bruits de Maty la nuit sur le plateau d'Anatomies à Paris. J'ai aussi par moment senti la lumière de nuit des villes africaines que je connais, cette obscurité latente, percée de néons qui éblouissent plus qu'ils n'éclairent. Sous le plateau d'Anatomies 2010 : Anatomies 2009, la gigantesque tournée africaine. Départs incessants, aéroports innombrables, passeports, formulaires. Il y a des avions sur le plateau en 2010, on les entend, ils sont là. Moments de virtuosité : les trois fauteuils alignés, la situation de parole qu'ils génèrent produisent du jeu, du décalage, de la liberté. Il reste aussi quelques fruits d'Anatomies 2008, mais ils sont aujourd'hui emballés sous cellophane, figés sur un plateau-repas d'avion, et bientôt violemment détruits par Michaël Guür Keromnès. Adieu les fruits. Alexandre Koutchevsky | ||||
De gauche à droite : Yoan Charles, Nina Nkundwa, Manuel Garcie-Kilian. © Rozenn Quéré | ||||
LE TOUCHER DIFFÉRÉ (2) Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous). Dino Galice a lui aussi vu le corps de Niang Saho dans le petit bois d’eucalyptus. Il l’a vu mort, il l’a vu blessé. « Michaël a vu ses blessures, moi j’ai vu ses blessures, toi tu ne les as pas touchées… je suis mal. » Il est mal, Dino. Il est malade. Il est le mal. Il est le mâle. Il a été incapable, Dino, de faire un geste ; il est resté là, tétanisé. Il n’a ni agressé ni caressé le corps de Niang Saho. Les blessures de Niang Saho l’ont fasciné, mais ses mains ne se sont pas approchées. Il n’en peut plus, Dino, de la fascination qu’exerce sur lui Niang Saho. Il n’en peut plus de se sentir devant lui un pauvre type sans dimension spirituelle, sans dimension politique. Il veut enfin le toucher, le toucher mortellement. C’est sur ce chemin qu’il s’engage, c’est sur cette pente qu’il glisse et elle va le mener jusqu’au meurtre de Niang Saho. R.F. cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène. | ||||
De gauche à droite : Laurent Cazanave, Marie-Laure Crochant, Yoan Charles, Manuel Garcie-Kilian, Nina Nkundwa, Vanille Fiaux, Anne-Sophie Sterck, Olivier Dupuy. © Rozenn Quéré | ||||
NOUS REPRENONS LA ROUTE Nous reprenons la route. Nous ne sommes pas malades, nous sommes dingues. Nous n’allons pas mourir ici chez le Bororo, non, nous allons y trouver une certaine folie, nous amuser coûte que coûte, et rire. Et si la ficelle ne nous sied pas, dansons la danse de Saint-Guy. Nous sommes là, exacts au rendez-vous, au plateau, avec ces mots, et désormais, la vie nous appartient. Travaillons et ne désespérons pas. La gazelle bleue pleure rit et ne se laisse pas fixer. Bondis, guerrier. Rebondis. Anne-Sophie Sterck. | ||||
Yoan Charles © Rozenn Quéré | ||||
FICTION À LAGOS. DANS LE HALL DU GRAND HÔTEL. MÊME JOUR. DINO.– Je suis con, sûr, très con, le roi des cons. Quelle leçon ! Le piétinement des pauvres dans le hangar bondé, comment les assistants du révérend Salomon-Baptiste Oyo les guident dans les travées, les serrent les uns contre les autres, les font frapper dans leurs mains, lever les bras, chalouper, bramer en cœur des jolies phrases. La plus belle : « Je ne serai plus jamais pauvre », du beau boulot ! des artistes du spirituel, des as ! De quoi ils sont capables ! Ah, mon ami Niang Chaman Ritsebuk Saho tu es le plus grand filou que la terre ait porté. Un filou métaph… ysique. Putain de mot ! Je me suis senti ratatiné, humilié, ah, la brute ! Ah, nom de Dieu, de nom de Dieu, de cent mille noms de Dieu de tripatouilleurs des bourses populaires. Des génies ! Et moi, je suis quoi, un vrai charlot, un Tintin au Congo, le roi des zozos d’Afrique. Mort, il ressuscite en ramasseur de pognon, le Niang Saho, en ramasseur de pognon de gros calibre. Une étoile, un gagneur de première, un cannibale. Tous ces fidèles, il te les mange tout crus ; par centaines, par milliers qu’il te les avale, qu’il te les dévore. N’en reste rien. Je suis un sacré minus. Annonce en fanfare qu’il vient d’acheter deux cents hectares. Avec leur fric. Hurlent de joie, les crétins ! Ah, les connards ! Deux cents hectares avec leur fric pour construire un nouveau « camp » : Le Divin Touch Camp, et ils hurlent de joie ! Je me croyais un homme d’action, un winner, un caïd, je ne suis qu’un enfant de chœur. C’est quoi la petite musique qui flatte tant leurs oreilles, c’est quoi le « concept » qui les fait frétiller comme des caniches en rut ? LE TOUCHER DIVIN ! Il dit « toucher divin » et c’est l’extase. Il faut les voir, bouche béante. Ils le sentent, pas de doute, le toucher divin. Ils s’avancent sur le fil qu’il tend phrase après phrase entre eux et lui. Funambules hypnotisés ils marchent au-dessus du vide. Ah, le malin ! le voilà qui les précipite dans l’abîme de l’incarnation. « Laissez-vous choir dans cet abîme, sentez au plus intime de votre chair la chute vertigineuse, sentez la plus secrète de vos fibres frémir au contact du doigt de Dieu, le toucher divin ouvre votre chair à l’infini. » Ah, la crapule, moi qui me moquais de sa candeur ! Moi qui le prenais pour un impuissant ! Tu es un con, Dino, sûr tu es un con, un sacré con. Dino, tu es un con. Cavale, mon vieux, cavale, ne te laisse pas distancer. Il t’écrabouille, l’enfoiré, réagis ! Toi, tu es un vrai salaud, tu as tout misé sur le fait d’être un salaud, et tu perdrais la partie, ce n’est pas juste. La récompense du salaud c’est de gagner. Moi, on m’emmerde, je flingue. Moi, on ne me bourre pas le crâne avec des mots pourris, des salades, des côtes de porc avariées, je ne suis pas Mozart, moi. Un bon petit paquet de pruneaux en pleine gueule ça te ferait plaisir, Niang, mon ami Niang ?[…] (Roland Fichet, Comment toucher, éditions Théâtrales, mars 2010) | ||||
|