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dimanche 30 octobre 2011

Avant le TNB, violent chahut au théâtre à Paris !


Le visage du Christ, peint par un artiste de la Renaissance italienne, occupe tout le fond de scène.



A Paris, des chrétiens fondamentalistes perturbent un spectacle de Romeo Castellucci, programmé à Rennes en novembre. La police devra-t-elle protéger le public du Théâtre national de Bretagne ?


Boules puantes

Jet d'huile de vidange sur le public. D'oeufs aussi. Et de boules puantes ! Quand ils n'ont pas carrément envahi la scène du Théâtre de la Ville, de jeunes activistes, fondamentalistes chrétiens, ont sérieusement perturbé, cette fin de semaine à Paris, les représentations de « Sur le concept du visage du fils de Dieu », un spectacle de l'Italien Romeo Castellucci.

Au point que Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, condamne et que la Ville de Paris porte plainte au côté d'Emmanuel Demarcy-Mota. « Nous ne céderons sous aucun prétexte à ces menaces et à cette intimidation, assure le directeur du Théâtre de la Ville qui était encore récemment à Rennes où son « Rhinocéros » a triomphé au TNB, rue Saint-Hélier. Nous entendons défendre la liberté d'expression, les droits du théâtre et la mission qui est la nôtre face à cette terreur. »

Mystère de la fin

De quoi s'agit-il ? « Sur le concept du visage du fils de Dieu », qui sera présenté dans la salle Serreau du Théâtre national de Bretagne du 10 au 12 novembre, met en scène un père vieillissant, souffrant de dysenterie et qui se vide sous le regard de son fils, peu à peu débordé. Associer des scènes crues au visage du Christ, dont le portrait occupe le fond de scène, choque les fondamentalistes chrétiens.

Castellucci, lui-même, monte au créneau pour défendre son oeuvre : « Ce spectacle est une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la fin. Les excréments, dont le vieux père incontinent se souille, ne sont que la métaphore du martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ illumine tout ceci par la puissance de son regard. C'est ce regard qui dérange et met à nu. »Castellucci dit pardonner aux fauteurs de trouble car « ils n'ont jamais vu le spectacle. »

Manipulation mensongère

François Le Pillouër défend, bien sûr, la pièce, programmée dans le cadre du festival Mettre en Scène. Le directeur du TNB fait preuve de la même fermeté que son collègue parisien, Demarcy-Mota. « Le théâtre de Castellucci interroge profondément la morale et la foi sans sombrer dans la caricature, ni la provocation. Dans la pièce, le fils fait ce qu'il peut pour soulager son père dont l'état se dégrade. Comme on le ferait en accompagnant un proche vers la mort. Il n'y a rien de sacrilège, ni de blasphématoire là-dedans ! »

Pour lui, l'interprétation des fondamentalistes est mensongère. « Je condamne cette manipulation qui porte atteinte à l'ordre public. » Comme à Paris, le directeur du TNB n'hésitera pas à faire appel aux forces de l'ordre afin de protéger les spectateurs. Si besoin est. Car « Sur le concept du visage du fils de Dieu » a déjà tourné dans toute l'Europe sans poser de problème, ni soulever la moindre indignation.



Benoit LE BRETON de Ouest France.

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